Nintendo, la NES Mini et l’eShop : un drôle de ménage à trois

Article édité le 27/01/2017 pour apporter des précisions.

Avant propos : ce billet d’humeur ne reflète que la « pensée » (si il est capable de penser) de son auteur. MrShu est un « fan » de Nintendo (il a même un Virtual Boy), mais être un fanboy de Nintendo c’est parfois aussi apporter une critique. Merci de ne pas insulter l’auteur de cet article ou de le jeter au piloris.

La NES Classic Mini : « Chérie j’ai rétrécie les stocks »

La NES Mini annoncée en plein mois de juillet. La hype était à son maximum même moi j’en voulais une. Et puis viens le lancement et le mécontentement quasi mondial (sauf pour les chanceux ; ceux qui spéculent ou ceux qui l’ont acheté au double du tarif). Rapidement je me suis posé des questions sur le bien fondé de ce produit.

Je m’explique, la Switch sort le 3 mars. Pourquoi Nintendo aurait-il eu besoin de sortir un nouveau produit pour les fêtes de fin d’années alors qu’un bon petit bundle WiiU des familles avec deux ou trois bons jeux auraient je le pense permis de « brader » la grande sœur de la Wii et de se débarrasser du stock (qui depuis quelques jours Nintendo retire des magasins).

Comment une console sortie en 2012 peut-elle se retrouver encore à 300€ en pack avec Mario Kart 8? Je n’arrive toujours pas à comprendre la position de Nintendo qui est contre productive.

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Nintendo aurait sans doute oublié que beaucoup de gens qui jouent au jeux vidéo attendent la fin de vie des consoles pour les acheter. Je connais des gens qui faute de moyens découvrent seulement maintenant la ludothèque de la Wii.

Bref, revenons à la NES Classic Mini. Donc ce produit sort en fin d’année, direct dès le premier jour c’est la catastrophe. Des stocks faméliques. Mais pourquoi ? Au début en bon cynique que je suis cette réflexion m’était venue : « c’est pour faire monter la hype, y aura un réapro avant Noël, Nintendo on les connait ils font ça à chaque fois mais, ils voudront pas manquer le coche des fêtes de fin d’année ».

Puis, j’ai pris un malin plaisir à regarder les entrailles de la bête. Un pote m’a demandé si je voulais « regarder ce qu’il y a dedans » pour le paraphraser. Au début bon, mis à part qu’il y a quasiment rien à l’intérieur (CPU, ram, rom et quelques résistances et condensateurs au format CMS). Mon œil n’a pas tiqué tout de suite. Après quelques minutes, comme l’aurait fait Derrick : je prends les noms des suspects. Enfin des composants. Pourquoi la puce flash quand je cherche le data sheet (la fiche technique du composant) affiche une capacité de stockage bien plus élevée par rapport à que ce qu’il est censé être dans la machine ?

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Vous pouvez vérifier par vous-même, la puce (dans le cas que celle que j’ai démonté) porte la référence : s34ml04g. Et quand vous recherchez, ce composant n’existe qu’en 1, 2 et 4Go. Le composant n’existe pas en 512Mo (qui est censé être la capacité de stockage de la mémoire flash de la NES Mini).

Donc les puces flash de la NES Classic Mini sont à la base des puces flash défectueuses, le fabriquant les formatent pour récupérer les secteurs sains et bim vous avez une puce de 512Mo qui vous à coûté beaucoup moins cher. Certains vont trouver le procédé dégueulasse, mais pour rappel cette pratique existait déjà du temps des micro-ordinateurs 8Bits (mais avec les puces de RAM d’un modèle de ZX Spectrum si ma mémoire est bonne).

Parlons brièvement du piratage de la machine qui est à mourir de honte, pas besoin de tout démonter. Seulement besoin d’un câble USB et d’une machine qui boot sous Linux. Nintendo savait la vulnérabilité du système, mais avec un certain humour n’hésite pas à laisser un message à l’attention des bidouilleurs. Ri-di-cule…

Analyse de rumeurs et autres bruits de couloir :

Bref, au moment de la rédaction de cet article la rumeur court depuis plus d’une semaine : Nintendo aurait décidé de ne plus produire la NES Mini. Alors, j’ai tenté de faire mon journaliste en herbe, j’ai glané des infos un peu partout.

Première étape les grandes surfaces : des stocks aussi élevés que les températures de la saison, certains magasins ont eu entre 3 et 5 consoles il y a une semaine et depuis silence radio. Un ami à vu un « vautour » acheter 4 NES Mini et le charognard les à financé par un crédit. A croire que la fin est proche, ou que la bêtise humaine me surprends chaque jour.

Les revendeurs de NES Mini sur internet.
Les revendeurs de NES Mini qui scrutent les rayons.

Les rayons sont par contre inondés de produit « compatible NES Mini » ou d’accessoires Nes Mini, mais la console est aux abonnés absent. Certains magasins auraient même mis des pancartes : « nous n’en avons pas en stock ». Information que j’aimerais vous confirmer en image.

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Deuxième étape les enseignes spécialisées franchisées (pas de marque) : alors eux le disent sans détour. « Ne l’attendez plus, on ne sait pas si on en aura un jour. » Et je pense que la rumeur part de là (du mécontentement des gens qui vendent des produits Nintendo). Par contre, la rumeur concernant les vendeurs de ces magasins qui auraient vampirisé les stocks pour les revendre sur internet au prix fort n’est peut-être pas une rumeur. J’ai eu vent de certaines pratiques au sein d’un magasin à « l’enseigne bleu ».

Troisième étape, les commerces indépendants : ceux qui donnent le plus d’infos car ils tiennent à leur clientèle. C’est eux qui ont le plus souffert de l’incapacité de Big N à fournir les produits, mais expliquons ça clairement.

Quand Nintendo avait annoncé le produit aux revendeurs, en faisant un rapide calcul les détaillants avaient calculé la marge. Du coup, beaucoup ont annoncé un prix de vente dès le lendemain de l’annonce. Sauf que Nintendo retourne sa veste et en fait la marge n’est plus la même. Certains commerçants se feront au final une marge de 0,10 centimes d’euros sur chaque NES Mini vendue. Bon, il faut bien satisfaire sa clientèle et ne pas augmenter le prix à la revente au risque de se faire insulter de voleur ou d’escrocs. Ces commerçants se diront qu’ils se rattraperont sur des accessoires ou des manettes supplémentaires.

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Ils prennent les pré-commandes, sauf que viens le jour de la sortie et il faudra rembourser des dizaines de clients mécontents de ne pas avoir eu leur NES Classic Mini. Ne parlons pas de la communication de Nintendo pour dire quand les réappro vont arriver. À cette époque, on parle de fin novembre, début décembre, mi décembre voir début janvier. Bref, la cacophonie la plus totale.

Dans un premier temps, Nintendo invoquait l’excuse du séisme au Japon au mois de juillet 2016 pour se dédouaner des stocks rikiki. Depuis on peut se demander s’ils n’ont pas eu une pluie de grenouilles ou une invasion de sauterelles.

Et si la rareté du produit était due aux puces nand flash de 4Go défectueuses formatées en 512Mo (comme je l’ai abordé plus haut dans l’article) ? Étant dépendant du stock donné par son fournisseur Nintendo n’aurait pas su faire produire suffisamment de machines (ils font produire leurs WiiU chez Foxxcon, ceux qui fabriquent entre autre l’iPhone *sic*). Ça parait plus crédible que leurs excuses à répétition. Et ne voulant ni augmenter les prix, ni son coup de production, la console peine à sortir des usines.

Le bien fondé de la rumeur :

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Interrogeons nous sur le bien fondé de la rumeur : Nintendo via Reggie Fils-Aimé a annoncé qu’un réapprovisionnement allait arriver bientôt aux États-Unis.

Si tout ceci n’est que mensonges : « ils vont se faire lyncher ».

Parions que si le produit n’est pas abandonné, ils vont nous refaire le coup des Amiibo (et aussi de : la 3DS XL Zelda, de l’adaptateur manettes Game Cube pour la WiiU, de certains bundle collector WiiU, etc…) à savoir attendre que les vautours ont bien revendu ça à prix d’or pour inonder le marché quelques mois plus tard. Regardez maintenant la quantité astronomique d’Amiibo que l’on trouve dans les supermarchés. Ils prennent la poussière ces jouets DLC déguisés figurines NFC alors que si on remonte un an et demi en arrière on galérait à trouver certains modèles (souvenais vous, les Yoshi Laine).

Tu te souviens de la rareté de certains Amiibo?
Tu te souviens de la rareté de certains Amiibo?

Par contre, si le produit n’est plus produit (jeu de mot), ça sera la première fois dans l’histoire de cette industrie qu’un produit très demandé est purement et simplement rayé du catalogue. Même la Jaguar qui n’a pas été un gros succès, mais à subit une rupture de stocks à cause d’un problème supposé de fabrication n’a pas poussé Atari a stopper la production 6 mois après son lancement  (lire l’article en anglais). Et si Nintendo décide d’abandonner le produit, je prédit un tarif absolument farfelus (désolé j’ai piqué cette expression à un membre de l’équipe) aux alentour des 300€.

300
Je déteste faire ma Cassandre (capture d’écran datant du lendemain de la publication de cet article).

L’argument qui est de dire que la NES Classic Mini est un produit de collection est purement délirant. Pourquoi Nintendo limiterai les stocks d’un produit qui peut rapporter gros? J’attends que les spécialistes de la question se prononcent… Par contre, Nintendo nous a habitué à des jeux en tirage très limité mais n’a jamais promis de re-stock (comme avec Tokyo Mirage Sessions).

Bref tout ceci n’est que spéculations.

 

L’eShop : est-ce que Nintendo nous vends des roms pirates ?

De l’eau a coulé sous les ponts et puis Bozdik (merci à lui) m’a fait parvenir un article assez gratiné du site Eurogamer.

J’ai du coup décidé à la lecture de ce dernier, d’écrire ce billet d’humeur. Alors, pour vous résumer l’article, l’auteur démontre que (accrochez-vous bien c’est consternant) la version de Super Mario Bros. que Nintendo nous vends sur l’eShop est une version pirate téléchargée sur internet. Cette affirmation avait été faite en 2016 à la GDC.

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J’entends des : « quoi ? » Ou même des : « comment ? ». Je vais vous expliquer, revenons si vous le voulez bien au bon vieux temps des premiers émulateurs NES. iNES pour être plus précis. Cet émulateur était l’un des premiers du genre (première version en 1996), mais pour faire communiquer les deux banques de données des cartouches, l’auteur de iNES avait implémenté un petit quelque chose dans le ficher .NES : un header.

L’auteur de l’article du site Eurogamer montre que dans le cas précis de Super Mario Bros. on retrouve le même header que dans les roms téléchargées sur internet.

On se dit c’est qu’un header sauf que le créateur de l’émulateur iNES à été contacté par Eurogamer, je vous traduis un morceau de l’article (que je vous invite à lire en bas de page dans les sources) :

« Il y a de minuscules différences entre les dumps des deux ROMS (version NES et eShop) Il est probable que ce soit leur propre dump (comprenez pas là scan de la cartouche pour en récupérer le programme). Une fois coupée la portion qui corresponds à la Wii (version eShop) ça correspond bien avec un fichier .NES trouvé en ligne. »
Donc Nintendo qui peste depuis des années sur l’usage des émulateurs, nous revends des roms téléchargées sur le net…

Après, on peut se poser légitimement plusieurs questions notamment :
Pourquoi Nintendo serait tenté de vendre une rom pirate sans même enlever un bête header (que l’on peut modifier avec un éditeur hexadécimal) ?
Comment fonctionne l’émulation sur la NES Mini ou sur le eShop ?
Est-ce que Nintendo a vraiment développé un émulateur pour la NES ?
Qu’en est-il de la NES Classic Mini, est-ce un boîtier avec 30 jeux téléchargés sur internet ?

 

Conclusion :

Vous l’aurez compris je me montre très critique dans ce billet d’humeur. Et pourtant tout ce qui est estampillé Nintendo, je le regarde avec une certaine sympathie, mais pas avec complaisance. Espérons que la Switch se vendra bien (et que les jeux seront nombreux et de qualité), car même si le grand public se moque de toutes ces histoires certains fans de longue date auront du mal à avaler ces pilules.

Bref, pour mieux dépenser son argent autant acheter un Raspberry Pi 3 avec une manette sans fil 8Bit Do et quitte à pirater, autant le faire avec panache. Même si ça ne m’empêchera pas de continuer à collectionner des jeux NES.

 

Sources :

Eurogamer

Digital Trends

Melty